Bat : Kiss cool !

Il y a des jeux de mots qui donnent du relief au sens, c’est le cas de ce Quadrachromie, un disque qui cherche à peindre la vie, composé sur les touches du piano, plutôt que dans le souffle de l’accordéon. 

Quadra, quatre fois dix ans, quatre couleurs, “d’où je viens, ce que je suis”, explique Baptiste dans la chanson titre  “Quadrachromie”. Ne cherchez pas le noir et blanc, ni même les nuances de gris, ces mélodies racontent toutes les couleurs de la vie, une autobiographie en sérigraphie. Bat, aime la contrainte, le souffle incertain de l’accordéon, la remise en question, il retourne à l’école, au conservatoire pour travailler encore davantage le piano, il ne lui suffit plus aujourd’hui d’être seulement un brillant autodidacte multi-instrumentiste. Il veut percer le mystère de la chanson. 

Dès les premières secondes, Bat nous attrape par les tripes, nous défie d’être curieux, ouverts, Skip Dating, une mise en abîme, la chanson dans une conversation de chanson, une rencontre entre l’artiste et le mélomane sur des claviers tendus de suspense et une ronde d’accordéon.  

Peut-être parce qu’il vient du sport, il est prof d’EPS, Bat aime la transmission, apprendre et enseigner mais aussi le travail sur soi. Se perfectionner. “De la musique et du sport, pour faire vibrer le corps”, de la générosité et de la curiosité pour faire vibrer l’esprit. Il parle d’artisanat. “Quadrachromie”, c’est d’abord une résidence interrompue par le confinement et tableau que l’on peint note par note, en essayant toujours de garder en tête la fluidité, les vagues douces de la Méditerranée. Le Cyan de son enfance. 

“Sans bruit” se distille comme des gouttes d’eau, un tango qui se joue de l’amour. “Entre soi” explore la solitude de la cyber-vie, sur des boucles de synthés 80’s. “Se fondre”, jongle entre les silences, cherche le paradoxe dans la douceur des sons et une incroyable maîtrise agressive du flow. 

Ces couleurs, ces jeux d’esprit, il les travaille aussi pour la scène. Création lumière. Sur les pochettes de son disque aussi avec Germain Prévost, artiste peintre, graffeur, connu sous le nom de Ipin, les arts de la rue, la culture hip hop qui entre au musée. En même temps que ses chansons, il offre 40 sérigraphies originales, des pochettes d’albums, œuvre d’art. 

Bat chante la céramique, oui ! La céramique pour une chanson d’amour et de terre, “Encore combien de tours pour en faire le tour ? Ce ne sera mis que le soir au four… et deviendra céramique pour toujours.” Inspiration tellurique, pour une poésie du bonheur. Car, c’est de cela qu’il s’agit, une quarantaine résiliente, qui accepte les défaites mais cherche à façonner l’espoir. Bat malaxe le son pour qu’il devienne matière et les mots pour qu’ils deviennent philosophie. 

Des années Mano Solo, Java, Têtes Raides, croisés sur scène à l’accordéon, restent le goût du vrai, de l’authentique, mais aussi la sincérité. Il faut être soi, les autres sont déjà pris. 

Alors pour les autres, on croise tout de même quelques sirènes, Emilie Marsh rencontrée en résidence chez Cabrel, ou encore le voyageur israelien Swafield Omri. Deux ans de travail avec Charlie Maurin, ingénieur du son, pour un disque origami à déplier jusqu’à l’infini. Une voix singulière qui crie dans une ville endormie.  

 

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